L'IA ET L'ATTACHÉ.E DE PRESSE FONT-ILS BON MÉNAGE ?
C’est le sujet du moment, le mot clé de tous les articles de cette rentrée: l’intelligence artificielle fait sa révolution.
L’on peut alors se demander : dans quelles mesures cet outil technologique au service de la communication, entre autres, impacte les relations interpersonnelles et plus particulièrement les relations entre les journalistes et les attachés de presse.
DEUS EX MACHINA ?
La machine peut-elle remplacer l’humain ? La digitalisation va t-elle entrainer la disparition de certains métiers ? Ce sont les questions légitimes que la plupart d’entre vous peuvent être amenés à vous poser. En France, 3 Français sur 4 s’attendent à un impact du digital sur leur métier d’ici les 10 prochaines années.
Pourtant, du côté des professionnels, rédactions et journalistes, la machine ne peut se supplanter à l’humain qui reste le cœur du réacteur.
Construire un réseau, nouer des contacts, instaurer un lien de confiance, se retrouver lors d’événements, suivre la diffusion d’un communiqué de presse jusqu’à la rédaction d’un article et ses retombées, sont autant d’étapes essentielles que la machine ne peut remplacer.
« Notre rôle d’attaché.e de presse est d’apporter une plus value à la fois aux journalistes et à nos clients. Il faut être réactif sur une information, savoir anticiper, tout en restant éthique.
Accompagner les clients, les guider sur la cohérence de leurs choix et leur indiquer ce qui pourra intéresser les médias est essentiel dans notre métier.
Nous avons également des obligations de moyens : nous devons vérifier ce que l’on diffuse pour continuer à renforcer le capital confiance que nous entretenons avec notre réseau.
Faire preuve de bon sens, être agile, en capacité de détecter l’information qui va intéresser le journaliste et qui va servir au client constituent les qualités incontournables d’un bon attaché de presse.
L’attention est une donnée rare. Rester attentif, en connexion avec ses pairs, clients, journalistes et plus largement avec l’écosystème qui nous entoure, c’est ce qui constitue le succès dans nos métiers : les qualités humaines ne peuvent être remplacées par la machine.
Pour bien écouter les attentes des uns et des autres il faut être disponible. C’est là que la gestion des données devient indispensable: l’IA permet de gérer des volumes que l’humain ne peut pas gérer seul. » Ludivine Plessy
BIG BROTHER
Si les journalistes ne conçoivent pas de bonnes relations presse sans échange humain et sans confiance, les avancées technologiques telles que l’intelligence artificielle ne doivent pas être perçues comme des freins mais plutôt des moteurs pour une meilleure personnalisation des échanges entre rédactions et attaché.es de presse.
L’IA est un outil qui est devenu indispensable pour une gestion des données à 360°, dans un univers informationnel où les médias sont multipliés (web, médias traditionnels, réseaux sociaux, bouche à oreille numérique, etc.).
À moyen et long terme, la consommation d’informations passera par un meilleur ciblage, une analyse plus fine en amont ainsi qu’à l’issue d’une campagne de communication et d’une approche plus pointue des relations presse.
Les professionnels doivent pouvoir s’adapter à ces nouveaux outils mis à leur disposition, se les approprier et développer des compétences uniques dans leurs domaines.
L’intelligence artificielle devient alors un œil bienveillant, une aide sur laquelle se reposer.
LE MÉDIATEUR
Le métier d’attaché.e de presse n’est pas destiné à disparaître. Comme tous les métiers d’information et de communication il est en perpétuel mouvement et évolution. Il s’adapte. C’est d’ailleurs ce qui fait la richesse des métiers de relations publiques : la capacité à être un caméléon en connexion avec son environnement et autrui. Sa force réside dans sa capacité à nouer des liens, ce que la machine ne pourra faire à court terme.
L’intelligence artificielle permet avant tout de gagner du temps ce qui laisse au professionnel tout le champ possible à de nouvelles interactions.
« L’avenir de notre métier repose à la fois sur notre fonction de conseil et d’accompagnement : « Quelle est l’information que je vais devoir retenir pour rester le plus agile possible dans un marché globalisé où les bruits informationnels sont multiples? ».
Sources exponentielles, profusion de fake news : discerner le vrai du faux devient nécessaire. Mais également notre capacité d’adaptation et d’attention : plus l’on reste informé, plus l’on est à la page et l’on peut prendre des décisions en cohérence avec les besoins de nos clients.
Il est devenu essentiel de revenir à un aspect plus qualitatif de nos métiers.
L’IA est un réel outil de compétitivité, car il permet de gérer le volume des données en amont, réduire les erreurs et offrir de meilleurs délais de livraison notamment dans le domaine de la veille média.
L’outil permet de replacer l’humain au centre de la relation et lui permet de revenir à la base du métier : les recommandations et l’accompagnement auprès de ses clients.
Mais il est nécessaire que son utilisation soit réglementée : il doit être programmé de façon à rester neutre, à traiter l’information de manière impartiale. Les données doivent être gérées en « bon père de famille ». Elles doivent aussi pouvoir se traiter en fonction de la géolocalisation : il est important de traiter l’information selon les territoires et les cultures pour être au plus proche des besoins des clients.
Enfin il faut sortir du nuage informationnel et discerner l’urgent du secondaire . Mesurer l’urgence d’une action à mener, l’importance d’une information plutôt qu’une autre, savoir ce qui va impacter le business de nos clients nous poussent à prendre la meilleure décision et définir une stratégie cohérente. »